Mais qu'est devenu le corps de la lettre ?
On pourrait partir du principe que depuis toujours l'homme social communique
et a, pour ce faire, cherché et trouvé des moyens, des vecteurs qui correspondent
autant à ses besoins qu'à ses capacités. A l'heure de l'informatique,
d'aucuns pourront proclamer la suprématie de la virtualité, de la rapidité
et de l'efficacité ; et de s'inquiéter aussitôt de la mort annoncée des
moyens traditionnels de communication.
Il est vrai que l'on n'imagine guère, comme autrefois, que notre courrier
soit dépendant de la lenteur conditionnée des postes, ou bien du télégraphe.
Ni l'un ni l'autre, même s'ils se succèdent dans le temps, ne paraît plus
prégnant ni adéquat. Qui se souvient en effet que le premier emploi du
mot "courrier" désignait la personne en chair et en os qui précédait les
voitures de poste pour préparer les relais afin de gagner un peu de temps
sur ce long périple pour acheminer les dépêches vers leurs destinataires.
On pense bien sûr à ce fameux coureur qui joignit en un temps record Marathon...
Mais sans remonter jusqu'aux jalons historiques quasi mythiques, il n'est
pas difficile de percevoir le gain de temps que le courrier électronique
procure par rapport au courrier postal. Car c'est bien en cela qu'il lui
est de plus en plus préféré malgré la performance des transports actuels.
D'ailleurs, on ne peut pas dire que ces deux modes de communication,
l'un relégué au stade d'archaïsme de la technique, l'autre élevé comme
socle de l'avenir, soit en opposition franche. Ce serait sauter arbitrairement
les étapes du processus de transmission, de plus en plus, rapide des messages
interpersonnels. A bien y réfléchir, l'évolution prend appui sur deux
aspects techniques complémentaires qui ont permis aux mentalités de s'adapter
progressivement.
|